La pression monte à chaque instant, il suffit d'un micro détail et puis d'un autre, c'est aussi simple que ça. Elle ne supporte plus de voir la mine endormie de Rory, son air fatigué, de la voir s'habiller pour sortir, de voir son lit mal fait, de savoir pertinemment quand elle va au sous-sol que telle ou telle fringue, sa soeur l'a porté, elle ne l'avait pas mis au sale à l'envers ; elle ne supporte plus de rentrer épuisée à la maison et de sentir la chape de plomb lui tomber sur les épaules. Ici elle devait pouvoir se détendre, se reposer, mais non, il y a toujours à faire ; des courses, la cuisine, s'occuper des petits. Ça, passe encore. Une vie en communauté n'est jamais très tranquille. Mais Soledad a l'impression de porter trop de choses, de focaliser sur Rory alors que tout le monde regarde ailleurs, pourtant a catastrophe arrive, l'avalanche a commencé, alors pourquoi tout le monde ne part pas en courant et en hurlant ? Qu'est-ce qu'ils attendent ? D'être au pied du mur ? Ça la rend folle, physiquement ça la démange, elle a envie de s'arracher les cheveux. Si elle pouvait elle enfermerait littéralement Rory dans le sous-sol pendant des mois le temps qu'elle se calme une bonne fois pour toutes, mais ce serait de la séquestration, et elle n'est déjà pas très fière de ses derniers échanges avec sa soeur. Plus ça va, plus elle se sent capable de lui mettre un poing en plein dans la figure.

Aujourd'hui, elle a enchaîné 5 nuits consécutives complètes, elle est sur les rotules, mais elle a deux jours devant elle pour récupérer : une bénédiction. Le problème c'est qu'elle aimerait passer 48h à dormir, 48h pendant lesquelles on l'oublierait, mais c'est impossible. Trop de bruit, trop d'agitation. Alors qu'elle descend dans la pièce principale, elle tombe sur sa mère, catastrophée, et les plus jeunes qui la regardent tout en chouinant. Ils ont faim, ils ont aussi des devoirs à finir, un papier à faire signer aux parents, mais leur mère s'agite dans tous les sens, elle explique à Soledad qu'elle a mal géré son planning, elle devait passer chez une amie lui apporter quelque chose mais elle a mal noté l'horaire à laquelle elle doit aller chercher Rory à la fin de son meeting, maintenant elle est à la bourre, et elle ne pourra pas passer chez son amie après car il y aura Rory, en plus elle devait faire des courses, etc. Face à cette panique, Sole se sent étrangement détachée. Elle pourrait proposer d'aller chercher sa soeur mais elle n'en a pas la moindre envie. « Je vais aller faire les courses » finit-elle par lâcher « et je vais leur faire à manger. » avec un regard vers les enfants. Ce qu'elle fait ensuite, l'esprit ailleurs.

Elle a besoin de prendre l'air.

Une fois que tout est terminé et rangé, elle attrape son portable et chercher sa conversation avec Annabel. Hello ! Je suis en week-end et j'aimerais bien sortir. Ça te dit d'aller faire un tour en ville pour Halloween ce soir ? Après quelques échanges, les deux filles conviennent de se retrouver au labyrinthe, histoire de s'amuser un peu. Un soupir de soulagement s'échappe des lèvres de Soledad : maintenant il lui reste quelques heures de « tranquillité » pour se préparer, elle n'attend pas plus longtemps. Elle adore ça, se maquiller, se préparer. Elle opte pour une tenue moulante et toute noire et un maquillage de squelette, sur son visage et sur ses mains, elle y met même de la teinture fluorescente et se contemple dans le miroir, satisfaite du résultat. Après ça elle prend ses affaires et va passer les heures qui lui restent à attendre dans la chambre des petits, à s'amuser avec eux, à leur faire peur et à leur raconter des histoires effrayantes, d'abord parce qu'au moins avec eux tout est plus léger, surtout parce que Rory est de retour et qu'elle n'a aucune envie de la croiser.

Puis elle s'en va, inspirant un grand coup une fois dans la rue. La liberté. Pour quelques heures, certes, mais tout de même. Elle arrive pile à l'heure au rendez-vous, les rues sont animées, plein de gens sont déguisés, ça rigole, ça chante, ça crie aussi, à l'approche de la Maison Hantée et du Labyrinthe. « Salut, Lake ! » Elle embrasse son amie, juste dans les bras, sinon Annabel va se retrouver avec du noir et du blanc plein la figure. « Je te préviens, tes oreilles vont morfler. J'ai besoin de hurler pour libérer la pression » confie-t-elle, assez sérieuse sur le coup — quoi de mieux pour se passer les nerfs que d'hurler dans un labyrinthe hanté ? Elle lui fait signe, avant qu'elles se jettent dans la gueule du loup, pour boire un petit verre avant, un stand distribue des boissons, Soledad choisit un jus de fruit pétillant. « Ça va sinon ? Quelles sont les nouvelles du front ? » En terme de vie compliquée, Annabel n'est pas en reste. Soledad suit ses histoires, d'elle et de sa famille, autant qu'elle le peut, c'est leur façon de se soutenir.

Elle essaye de se convaincre que ça va. Elle essaye vraiment. De toute façon ne dit-on pas qu'y croire est le début de toute réussite ? Elle essaye de toute ses forces de s'en convaincre mais la vérité est qu'elle est épuisée. Toute la volonté du monde ne peut rendre la reprise de ses études moins éreintantes. Tous les soirs elle passe des heures à relire des textes de droits, revenant sur les principes de base qu'elle a apprit lors de ses premières années d'études en s'arrachant les cheveux pour son incapacité à se souvenir de choses aussi basiques. Dans les moments où elle s'accorde une pause son esprit va alors vagabonder vers la chose qui la tourmente le plus depuis quelques temps. Alex. Alex et Rory. Alex et Ella. Alex et la prochaine fille qui lui dira bonjour. Elle adore son petit frère mais elle doit bien avouer qu'elle aimerait ne pas avoir à s'en faire continuellement pour lui. Il a beau lui jurer que tout va bien elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter. C'est dans sa nature à Anna, elle s'inquiète, cherche des solutions, se ronge les sangs, le tout sans rien dire à personne. Elle porte le poids du monde sur ses épaules en s'efforçant de garder la tête haute et de ne pas ployer sous la pression. Pas sûre que ce soit la meilleure chose à faire mais c'est comme ça qu'elle le fait.

La porte de sa chambre est entrouverte, elle attend qu'Alex rentre pour pouvoir respirer. C'est mal mais elle veut s'assurer qu'il soit bien rentré, et surtout elle veut s'assurer que tout va bien. Ce n'est pas son rôle elle le sait mais qui va le faire si elle ne s'en occupe pas ? Leur père ? Elle l'adore mais il est trop occupé par son boulot et ce n'est pas qu'elle ne fait pas confiance à Alex mais plutôt qu'elle ne fait pas confiance à ses fréquentations. Elle tend l'oreille en entendant la porte d'entrée s'ouvrir et immédiatement elle se dirige vers les escaliers pour voir qui vient d'arriver. Alex. Vite, elle observe son visage, détaille la moindre chose qui pourrait lui donner l'impression que ça ne va pas mais non, tout semble bien. Elle soupire avant de sourire doucement. " Salut, tu as passé une bonne journée ?" Leur conversation ne s'étend pas, elle a encore de la lecture. Un peu soulagée elle se replonge dans ses arrêts en songeant qu'elle peut être tranquille pour la soirée. Alex va bien. Elle recommencera à s'inquiéter demain.
Alors qu'elle entame un vingtième chapitre son téléphone se met à vibrer, sms de Soledad qui lui arrache un sourire. Elle aimerait refuser mais si elle est honnête avec elle-même elle doit bien avouer qu'elle ne refuserait pas une pause. Avec plaisir ! On se retrouve pour 19h30 ? De plus les moments passés avec Soledad sont toujours bénéfiques pour Anna. Les deux femmes se comprennent, surtout depuis que Rory semble décidée à se laisser sombrer. Anna sait ce que Soledad peut vivre et Soledad était là pour aider Anna à comprendre ce qu'Alex traversait quand les choses n'étaient pas au beau fixe chez les Lake. Elles se comprennent. Le sourire aux lèvres, Anna repousse ses textes de droits et ses cours surlignés de partout en essayant de ne pas culpabiliser. Elle se lève et monte au grenier pour prévenir Alex. " Je sors avec Soledad ce soir, on va voir les festivités d'Halloween, ne m'attend pas pour manger " Ce n'est pas souvent qu'elle s'octroie une soirée de libre Anna, plus depuis la fin de ses fiançailles et ça l'angoisse alors elle essaye de relativiser. Ce n'est pas si grave, elle pourra travailler demain, de toute façon ce n'est que du surplus. Anna s'avance vers son vanity et se regarde dans la glace, heureusement que c'est Halloween car elle ne ressemble à rien. Une partie d'elle meurt d'envie de se rendre en ville telle quelle mais elle sait bien qu'il lui fait faire un effort alors elle saute dans la douche pour se laver les cheveux. L'eau brulante la relaxe plus qu'elle ne l'aurait espéré, à tel point qu'en sortant de la douche elle est déterminée à se trouver un costume de dernière minute. De toute façon elle connait Soledad et sait que cette dernière va jouer la carte de la soirée à fond et Anna doit bien avouer qu'elle n'a aucune envie de faire tapisserie à côté d'elle. En fouillant dans son placard elle trouve une chemise à carreaux rouges qu'elle avait rafistolée pour une précédente occasion et une paire de jean. Elle enfile un débardeur crop blanc avant de nouer la chemise comme un cache-coeur et de boutonner le jean. Un regard dans le miroir lui montre que l'effet recherché est plus ou moins atteint, pour Halloween elle sera un épouvantail, pas très original mais elle ne peut pas faire mieux. Soigneusement elle déchire quelques morceaux de sa chemise pour un effet un peu plus "destroy". Arrive la partie maquillage, ici Anna est vachement moins à l'aise. Néanmoins elle saisit son eye-liner ainsi que la peinture pour visage qu'elle garde pour chaque Halloween et entreprend de se dessiner une fine bouche s'étendant d'une oreille à l'autre. Dans un éclair de créativité elle tente de dessiner ce qu'elle espère ressemble à des points de couture avant de passer à son nez et ses yeux. Heureusement cela ne nécessite pas autant de skills que pour la bouche et elle peut se regarder dans le miroir en étant plus ou moins satisfaite de son travail. Histoire d'y aller à fond elle attrape un chapeau de paille et tresse ses cheveux avant de courir jusqu'à la porte d'entrée pour se diriger vers le lieu de rendez-vous.

Elle arrive quelques minutes en avance et se place près d'un stand coloré, croisant ses bras sur sa poitrine. Elle regarde autour d'elle espérant ne pas croiser trop de gens qu'elle connaisse, elle n'a aucune envie d'entamer la conversation avec eux. Au loin elle remarque une silhouette familière et elle se crispe : son ex-fiancé. Bien entendu, il adore Halloween. Elle le salue gauchement avant d'entendre son patronyme. Elle se retourne vivement et immédiatement un immense sourire vient se plaquer sur son visage. "Peterson ! J'aimerais avoir ton talent avec le maquillage tu es.. Magnifique ? Terrifiante ?" Elle lui rend son étreinte avant de poser un regard soucieux sur elle. Elle ne peut pas s'en empêcher, elle est comme ça Anna. " Ça ne va pas ? " Tout en l'écoutant, Anna la suit jusqu'à un stand de boisson et choisit la même chose qu'elle. Elle ne peut s'empêcher de soupirer face à la question de son amie. " Toujours la même chose .. Même si Alex m'inquiète, je ne sais pas si tu sais mais il trainait avec ta soeur et je ne sais pas s'il se voient encore mais la dernière fois que je les ai vu ils s'embrassaient après un meeting et tu connais les règles aussi bien que moi, ce n'est pas recommandé. " Ça lui fait du bien d'exprimer ses angoisses à quelqu'un. " et maintenant et bien maintenant il s'est remit avec son ex et j'ai peur que ça ne finisse pas bien pour lui "

« Peterson ! J'aimerais avoir ton talent avec le maquillage tu es.. Magnifique ? Terrifiante ? » Avec un sourire, Soledad accepte le compliment. Ces derniers temps, les petits plaisirs sont un peu la seule chose qu'il lui reste, alors elle est satisfaite qu'on la complimente sur ses talents en maquillage. « T'es pas mal non plus, dis donc. Il ne manque plus qu'à te planter dans un champ de citrouilles et le tour est joué ! » dit-elle, heureuse de retrouver son amie. Mais le regard de soucieux d'Annabel analyse très vite la situation et à vrai dire, en retour, Soledad fronce légèrement les sourcils devant la jeune femme. « Ça ne va pas ? » La Peterson hausse les épaules. Ni oui, ni non, c'est compliqué, comme d'habitude. Elle ne sait pas trop si elle a envie de vider son sac tout de suite et de cracher sa bile sur Rory, ou bien d'attendre un peu, qu'elles profitent d'abord de la fête. « Tu peux parler, on dirait que tu viens de voir un fantôme... Sans mauvais jeu de mots ! » Des fantômes et des trucs effrayants, il y en a plein autour d'elles, les gens jouent le jeu pour Halloween par ici.

Direction le stand de boissons, avant toute chose. Elles payent et récupèrent leurs gobelets et les sirotent tranquillement, en avançant en flânant vers l'entrée du labyrinthe. « Toujours la même chose... Même si Alex m'inquiète, je ne sais pas si tu sais mais il trainait avec ta soeur » Tout d'un coup Soledad se fige et regarde Annabel avec des yeux ronds comme des billes. Ta soeur, c'est forcément Rory, si c'en était une autre, il n'y aurait pas forcément de problème, elle le sait très bien. « Attends, QUOI ? » Elle a perdu de son flegme et sa voix monte un peu dans les aigus. Elle n'en croit pas ses oreilles. Est-ce que cette idiote de Rory est obligée de détruire tout sur son passage, ainsi que tout le monde ? « Ils se voient à des meetings ?! » Évidemment. « Et je ne sais pas s'il se voient encore mais la dernière fois que je les ai vu ils s'embrassaient après un meeting et tu connais les règles aussi bien que moi, ce n'est pas recommandé. » Cette fois, elle manque de s'étrangler. « C'est une blague. » Elle porte sa main à son front et ferme les yeux un instant : quelque chose lui vrille les tempes, comme toujours quand elle sent les problèmes arriver à toute allure. « C'est l'idée la plus stupide de la terre, c'est pas possible ! »

Franchement, qu'est-ce qu'il peut bien lui trouver en plus de tout ? Oh, les garçons adorent se jeter dans sa toile d'araignée, comme des mouches aveugles et stupides. Mais ils le regrettent bien vite. Rory n'a rien à leur donner. Et elle ne connait pas beaucoup Alex, en vérité elle le connait par sa soeur, par tout ce que leur famille a traversé. Ils n'ont rien en commun, avec Rory : ça ne colle pas. Elle en veut terriblement à sa soeur, sachant déjà qu'elle ne pourra lui faire que du mal. « Et maintenant et bien maintenant il s'est remit avec son ex et j'ai peur que ça ne finisse pas bien pour lui » « Mieux vaut son ex que Rory. Mieux vaut n'importe qui que Rory » lâche-t-elle, les dents serrées. Elle fulmine, et puis tout d'un coup elle regarde Annabel, son visage doux et inquiet. Elle se reprend alors, ré-endosse son habit de tous les jours, celui de la jeune fille rassurante, aux idées froides, rationnelle. Elle met même sa main sur le bras d'Annabel. « Je sais que c'est inquiétant. Ça va aller, Annabel. Tu es là, tu surveilles. Il se confie à toi, non ? Comme ça, tu gardes un oeil sur tout ce qui se passe. Rappelle-toi que les années passées ce n'était pas le cas, que la communication était rompue entre vous. C'est déjà très positif, qu'elle soit revenue. » Premier point. « Ensuite, au sujet de Rory... Il faut absolument que ça s'arrête. Au pire, parles-en à quelqu'un au centre, comme tu dis c'est interdit s'ils ont des meetings ensemble. Peut-être qu'ils pourront leur faire peur. Rory n'écoutera pas car elle joue perso, mais Alex, peut-être que oui ? » Elle se montre convaincue, convaincante. « Et avec son ex, tu le sens mal ? » Pensive, elle entame la fin de son gobelet. Elles sont devant l'entrée du labyrinthe, il ne leur reste plus qu'à se lancer dans l'arène.

Elle sourit à la réponse de Soledad. Anna n'a jamais été de ces personnes qui déborde de confiance en elles, elle doute de tout et principalement d'elle même alors même si Soledad a l'air sincère elle ne peut s'empêcher d'hausser les épaules et de balayer son compliment d'un revers de main. Si elle possède des talents, le maquillage n'en fait pas parti et à côté de Soledad elle se sent bien terne néanmoins elle s'est promis de s'amuser alors elle ne va pas laisser son manque de confiance la plomber. "Hum.. Sans façon merci " Elle lâche un léger rire avant de poser un regard soucieux sur son amie. Elle voit bien que Soledad ne va pas très bien, elles sont deux dans ce cas et la brune ne manque pas de lui faire remarquer. Le sourire d'Annabel faiblit et elle soupire. " Cal est là .. " Son histoire tout le monde la connait. Après tout tout le monde a été surprit quand elle a annulé leurs fiançailles, personne ne s'y attendait, elle la première mais cela lui semblait nécessaire à l'époque. Elle avait besoin de se concentrer sur sa famille, sur Alex et Cal ne comprenait pas alors elle a fait ce qui lui semblait bon de faire. Elle pensait être passée à autre chose mais le fait de le voir ce soir lui prouve qu'elle n'a pas totalement oublié. Anna secoue la tête désireuse de passer à autre chose et se laisse entraîner vers le stand de boissons. Ce soir elle va s'amuser et ne pas penser à tout ça mais avant, et bien avant il lui faut confier à Soledad le coeur de ses tracas : Alex. Toujours Alex.

C'est simple de parler avec Soledad puisqu'elle sait, elle comprend ce qu'Anna peut vivre. Que ce soit Rory ou Alex le problème reste le même et Sole est touchée de la même manière qu'Anna cependant elle ne s'attend pas à la surprise qui apparait sur le visage de son amie quand elle mentionne leurs frères et soeurs respectifs. Apparement c'est une nouvelle pour elle. Face à son exclamation elle hoche la tête en pinçant les lèvres et elle lui explique. Anna peut encore visualiser clairement l'air coupable qu'avait Alex dans la voiture, le ton de sa voix quand il défendait Rory et surtout, surtout la sirène d'alarme qui s'est enclenché en elle au moment où elle les a vu ensembles. "C'est une blague ?" Annabel secoue la tête même si elle aimerait bien de tout coeur pouvoir s'exclamer qu'elle l'a bien eu en riant de bon coeur. Malheureusement ce n'est pas une blague, tout est bien réel, peut-être même un peu trop. Elle observe Soledad avec inquiétude, après tout Rory est sa soeur et Anna pourrait bien être allée trop loin. Elle ne voudrait surtout pas froisser son amie mais à voir la colère qui se peint sur ses traits Anna devine qu'elle en est loin. À entendre Soledad, Annabel ne peut que penser qu'elle était loin de la vérité concernant Rory et elle commence à penser à tous ses moments où Alex était seul, était-il avec Rory ? Jusqu'où a bien pu aller leur relation ? La voit-il encore maintenant ? Elle tente de lutter contre la panique et la main de Soledad sur son bras agit exactement comme un remède. Anna l'écoute en hochant la tête, elle aimerait croire qu'elle fait tout son possible mais il y a tellement d'inconnus dans l'équation qu'elle ne peut que penser qu'elle n'en fait pas assez. Elle hoche la tête à sa question, oui il se confie à elle. En même temps elle peut lire en son frère comme dans un livre ouvert alors elle ne voit pas comment il pourrait lui cacher quelque chose. Quoique.. Elle se souvient de comment il était à l'hôpital, ce petit moment où il était tellement loin d'elle, ce moment où elle avait l'impression de ne pouvoir l'atteindre. "Merci" Elle souffle doucement laissant la pression retomber. Ce n'est pas le moment de s'inquiéter, Alex va bien elle s'inquiétera demain. " J'y pensais.. Tu penses qu'ils pourront mettre un terme à tout ça ? Alex semble vouloir aider Rory d'après ce que j'ai compris et je le connais assez pour savoir qu'il ne jouerait pas sur deux tableaux, maintenant qu'il est avec Ella il ne risquerait pas ça en faisant le con avec Rory. Je n'ai juste pas envie qu'il se mette dans la tête de l'aider à s'en sortir et qu'il finisse par retomber bêtement " Ella est un sujet sensible pour elle et la simple mention de son nom la fait grincer des dents. " Aucune idée mais elle a disparu de la circulation quand les choses sont devenues compliquées alors je n'ai plus vraiment confiance en elle à ce niveau là. " Elle soupire une nouvelle fois avant de regarder l'entrée du labyrinthe. " Je te propose qu'on entre là dedans, comme ça tu pourras me parler de Rory et hurler ta frustration en même temps. " Dans un élan de courage plutôt rare chez Anna, elle entre dans le labyrinthe en entraînant son amie avec elle.

Cal est là. « Oh, mince alors » ne peut s'empêcher de lâcher Soledad. Elle prend garde de ne pas regarder de manière trop évidente, tourne discrètement le regard. Cal. L'ex-fiancé d'Annabel qui n'est plus dans l'équation aujourd'hui, mais qui visiblement n'est pas totalement effacé de l'esprit de son amie. Elle fait une petite moue désolée. Ce n'est pas facile, les histoires de coeur, elle le sait bien, elle en vécu une désastreuse au Mexique et depuis ce jour elle s'est juré qu'on ne l'y prendra plus. Et de toute façon : elle n'a pas le temps. Entre son travail et sa famille...

Heureusement qu'elles sont là pour se changer les idées. En réalité mieux vaut vider leur sac maintenant, et Soledad ne regrettent pas du tout d'être venue ici, les événements d'Halloween sont assez forts en sensation pour faire oublier le reste, momentanément. Annabel est fébrile, comme elle. Chacune a ses problématiques, mais elles se retrouvent dans le fond. De l'inquiétude pure et dure, une impression d'impuissance, et un poids immense sur les épaules. Alex semble moins une cause perdue aux yeux de Soledad, mais les enjeux sont différents pour chacun. Au moins, Alex donne envie qu'on le sauve. Au sujet de Rory, elle a juste envie de lui hurler dessus et de lui foutre des baffes, ça n'aide pas non plus. Du mieux qu'elle peut elle rassure son amie, dont les grands les yeux et le visage expressif indiquent clairement qu'elle est anxieuse. « Merci. J'y pensais.. Tu penses qu'ils pourront mettre un terme à tout ça ? » La Peterson fait oui de la tête, haussant les épaules en même temps. Normalement, oui. Elle ne connait pas les mécanismes par coeur, mais plus ça va, plus elle voit comment ça fonctionne. Ils sont assez à cheval sur les règles. « Alex semble vouloir aider Rory d'après ce que j'ai compris et je le connais assez pour savoir qu'il ne jouerait pas sur deux tableaux, maintenant qu'il est avec Ella il ne risquerait pas ça en faisant le con avec Rory. Je n'ai juste pas envie qu'il se mette dans la tête de l'aider à s'en sortir et qu'il finisse par retomber bêtement » Tout de suite, elle a porté la main à son front. Elle n'en revient pas d'entendre ça. La drogue lui a grillé trop de neurones, voilà sa première pensée. « Il faut qu'il arrête » dit-elle sèchement, Rory quand elle tombe elle entraine tout le monde dans sa chute et ton frère n'y échappera pas, voilà ce qu'elle a envie de dire, mais elle sait qu'Annabel va paniquer. « C'est trop dangereux pour lui et Rory est dans une trop mauvaise passe. C'est gentil de sa part mais il doit penser à lui avant tout ».

Et quand elle pense qu'ile se sont embrassés — non mais, c'est vraiment la cerise sur le gâteau. « Aucune idée mais elle a disparu de la circulation quand les choses sont devenues compliquées alors je n'ai plus vraiment confiance en elle à ce niveau là. » Soledad pousse un soupir, décidément, les ex n'ont rien d'engageant. « J'espère qu'elle revient pour de bon alors » Et franchement, en son âme de grande soeur protectrice elle a envie de faire la morale à cette Ella, et elle sait qu'Anna aussi.

« Je te propose qu'on entre là dedans, comme ça tu pourras me parler de Rory et hurler ta frustration en même temps. » Avec un grand hochement de tête, Soledad prend le bras d'Anna et elles entrent dans le labyrinthe. Le décor est plus vrai que nature. Les marches qui descendent sous terre disparaissent dans le noir, ça sent le souffre et l'humidité. Sole a déjà peur, mais elle se garde bien de le dire, sinon, elles ne sont pas sorties de l'auberge. Elle se retourne juste pour que son amie puisse voir son maquillage fluorescent : il aura au moins servi à ça ! « Ah... Attention ! » De justesse, elle retient le bras de la Lake, qui manque de marcher dans du sang, par terre. « Plus vrai que nature. » Et elle en voit assez souvent pour savoir de quoi elle parle. « Charmant, tout ça... » Les murs sont zébrés de griffures, qui n'annoncent rien d'engageant. Prudemment, elles continuent d'avancer. « Je suis persuadée que Rory va rechuter bientôt, si ce n'est pas déjà le cas ; il n'ya rien que je puisse faire. » balance-t-elle après quelques secondes de silence. Au moins c'est dit, et comme ça lui trotte tout le temps dans la tête, ça fait du bien de se libérer un peu.

S'il y a bien une chose sur laquelle Soledad et Anna se retrouvent c'est bien leur impuissance commune. Leur amitié fait du bien à Annabel qui n'hésite pas à lui confier son inquiétude concernant la présence de son ex. Pendant la période ayant suivi la rupture, elle était persuadée d'avoir prit la meilleure décision possible mais plus le temps passe et plus la jeune femme se surprend à douter et à regretter. La réaction de son amie la soulage et Annabel lui ait reconnaissante de ne pas la juger pour son indécision quand beaucoup d'autres n'auraient pas hésiter à la critiquer.

la conversation dévie rapidement sur le sujet qui les lie réellement : leurs frères et soeurs. Il n'existe pas grand monde qui dans son entourage peut comprendre ce que vit Anna mais Soledad le peut. Et pour les plomber un peu plus, Rory et Alex semblent décidés à entremêler leurs vies au grand damn de la jeune femme qui n'arrive plus à trouver de solutions qui pourraient l'aider à dormir tranquillement la nuit. «C'est trop dangereux pour lui et Rory est dans une trop mauvaise passe. C'est gentil de sa part mais il doit penser à lui avant tout ».  Anna ne peut qu'acquiescer. Ce que lui dit Soledad ne fait que confirmer ce qu'elle pense déjà et elle ne peut s'empêcher de se mordiller nerveusement l'intérieur de la joue. « Je lui en ai déjà parlé mais il semble déterminé ». Elle ne peut s'empêcher de penser que les choses seraient terriblement plus simple si son frère n'était pas une bonne personne. Il a ses travers comme tout le monde mais au fond Alex reste quelqu'un de profondément bon. Assez bon pour essayer de sauver Rory et pour donner une seconde chance à Ella. À la mention de cette dernière, Anna se contente d'hausser les épaules. L'ignorance est un bon barrage à son angoisse, si elle n'y pense pas elle ne se ronge pas les sangs et pour Annabel c'est important. « Moi aussi ».  Malgré son envie de ne pas y penser elle ne peut s'en empêcher. Mais elle s'est fait une promesse: elle ne s'en mêlera pas.

En bon moyen pour se distraire, Anna propose à Soledad d'entrer dans le labyrinth et la laisse l'entraîner sans opposer de résistance. Malheureusement pour elle, Annabel ne se décrirait pas comme une personne particulièrement courageuse et cela se voit sur son visage. Elle se blêmir et se force à prendre de inspirations régulières mais toutes ses belles résolutions s'évaporent quand Soledad se tourne vers elle et que la vision de son maquillage fluorescent la surprend au point de  ka faire légèrement sursauter. Trop préoccupée par ce qu'elle observe autour d'elle, Anna ne remarque pas la tâche de sang au sol et pose presque le pied dedans. Heureusement, Sole l'en empêche juste à temps et Anna laisse échapper un cris de terreur face au mouvement brusque de son amie. « Oh mon dieu.. ». Consciente qu'elle se donne en spectacle, Annabel essaye tant bien que mal de se rappeler que ce n'est qu'un labyrinthe innocent où rien de réel ne peut arriver et elle se force à rigoler doucement. « Je suis ridicule ». Elle adresse un sourire d'excuse à Soledad avant de continuer son chemin, non sans s'accrocher à la Peterson. Manquerait plus qu'elle la laisse ici.

Le silence commence à se faire pesant aussi Annabel pousse un soupir de soulagement quand Soledad reprend la parole, même si ce qu'elle lui dit n'est pas de bon augure. « Je suis désolée... » C'est ridicule de dire ça, elle le sait mais elle le dit quand même. Être désolée ne sert à rien mais c'est plus fort qu'elle. Elle s'apprête à continuer quand une voix d'enfant se fait entendre. Immédiatement Annabel se fige et regarde sa compagne de galère « Tu as entendu ? ». Elle espère qu'elle la contredise mais soudain c'est son prénom à elle qu'elle entend «Tu m'as appelée ? » Elle sait bien que non, la voix parait trop lointaine pour que ce soit celle de Soledad mais elle se rassurer comme elle peut. Anna regarde autour d'elle comme pour localiser la source de la voix mais rien. Le silence revient et la Lake se met à frissonner. Complètement abasourdie elle attend quelques secondes avant de continuer la conversation commencée juste avant, comme pour prétendre que tout est normal et qu'elle ne vient pas d'entendre une enfant les appeler.  «Tes parents se doutent de quelque chose ? »

Les effets spéciaux mis en oeuvre dans le labyrinthe ne peuvent pas laisser de marbre, c'est le moins que l'on puisse dire. Soledad se sent frissonner malgré elle, pas à cause du faux sang ni des griffures mais à cause du tunnel noir qui s'enfonce devant elles : qu'est-ce qui les attend, là dedans ? Si l'entrée est déjà haute en couleurs, il y a fort à parier que la suite ne va pas être de tout repos. Le cri de son amie la fait se précipiter vers elle, par mimétisme ; elle s'accroche à son bras et la tire hors de la flaque sombre qui s'étend par terre. « Je suis ridicule » Dans le noir, Soledad lui lance un petit regard en coin. « Je ne crois pas qu'on soit très à notre avantage dans ce genre d'endroit, c'est le but d'ailleurs » souligne-t-elle pour dédramatiser, car avoir peur est une manière comme une autre de s'amuser, effectivement c'est un peu étrange si l'on y pense, mais pourquoi pas ? La vie des deux jeunes filles est assez compliquée à l'extérieur pour que s'immerger dans un endroit terrifiant et surnaturel ait au moins le mérite de leur faire penser à autre chose.

« Je suis désolée... » Mais une petite voix retentit et Sole tend l'oreille, par ailleurs elle jette des coups d'oeil tout autour d'elles, ce qui ne sert pas à grand chose vu la pénombre environnante. « Tu as entendu ? » « Je... » Ah oui, carrément. C'est son prénom chuchoté qu'elle entend, comment ils savent ? « Tu m'as appelée ? » « Malheureusement, ce n'est pas moi, et j'entends mon prénom aussi » chuchote-t-elle à son tour, comme s'il ne fallait pas qu'on les entende. « Y'a pas à dire, ils mettent le paquet » C'est plus rassurant de faire des remarques de ce genre, et son esprit cartésien prend le dessus pour qu'elle reste maîtresse de la situation. Les chuchotements se calment, petit à petit, et elles continuent à avancer prudemment.

Après un silence, elles tentent de reprendre la conversation là où elles l'ont laissée. « Tes parents se doutent de quelque chose ? » Dans le noir, Soledad hausse les épaules. « Mes parents... Je ne sais pas. Ils sont dépassés, je crois ? » À vrai dire elle n'en sait trop rien. Il lui semble que chacun dérive un peu dans son coin, ces derniers temps. Elle envie Skye, encore une fois, sa vie de son côté, son petit appartement, sa petite bulle à elle. « Je rêverai de partir et d'aller squatter chez Skye mais... AAAH ! » Cette fois c'est à elle de crier : des coups sourds résonnent sur la partie du mur à côté d'elle. « Bon sang ! » Elle regarde le mur avec des yeux assassins. « Viens, sortons de ce couloir, même si je doute que le prochain soit plus accueillant mais bon... » C'est le jeu, finalement.

Il se passe quelques mètres sans encombres, sans mauvaise surprise. C'est déjà ça. « J'ai vraiment l'impression que Rory prend toute la place, dans l'esprit de tout le monde. J'espère que les petits ne le ressentent pas trop... Moi j'ai le recul nécessaire pour ne pas me sentir mise de côté, mais eux ? » C'est plus fort qu'elle : son instinct maternel prend le dessus. Et elle sait parfaitement qu'Annabel la comprend à 100% là-dessus. « Tu as eu vraiment raison de partir à l'autre bout du monde, cet été. Il faut que tu continues à prendre soin de toi, ok ? » glisse-t-elle à son amie, si Soledad s'efface beaucoup pour les autres, Annabel est sans doute encore pire. Prudemment, elles s'arrêtent face à un intersection. Gauche ou droite ? Les deux directions semblent peu favorables...

Annabel ne se décrirait pas comme peureuse mais la fatigue couplée à l'angoisse et la nervosité la rendent beaucoup plus réceptive aux tours de passe passe que les organisateurs ont planifié. C'est plus fort qu'elle, un cris de terreur lui échappe et quand son amie vient se presser contre elle, Anna ne peut s'empêcher de sursauter. "Je ne crois pas qu'on soit très à notre avantage dans ce genre d'endroit, c'est le but d'ailleurs" Ce n'est pas comme si Annabel se sentait à son avantage quelque part en ce moment. Elle a beau essayer de se concentrer sur ses cours, elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter de tout le reste, surtout quand elle voit Alex et Rory et son sommeil en pâti. "Clairement pas.."

Tout en jetant des regard nerveux autour d'elle, Annabel se force à avancer et à suivre son amie quand elle entend une voix prononcer quelque chose qui ressemble fortement à son prénom. La réponse négative de son amie à sa question la fait souffler bruyamment par le nez. Comment peuvent-ils connaître leurs prénoms ? "Y'a pas à dire, ils mettent le paquet" Anna hoche la tête avant de faire quelques pas en avant, plus déterminée que jamais à se sortir de ce labyrinthe de l'enfer. " C'est carrément flippant" La situation a beau la terrifier elle réussit quand même à lui arracher un sourire quand elle pense aux efforts fournis par les organisateurs. "Tu connais quelqu'un du comité d'organisation?" Évidemment Annabel cherche à rationaliser, à trouver une explication logique à cette chose étonnante car c'est pour elle le seul moyen de se motiver à avancer. Histoire de se sortir de la tête que son prénom vient d'être prononcé par un inconnu, Annabel relance son amie sur le sujet qui les réunies: Rory et par extension sa famille. "Mes parents... Je ne sais pas. Ils sont dépassés, je crois ?" Oh comme elle la comprend ! Elle se souvient de la réaction de son propre père à l'époque et du vide dan son regard. Nul doute qu'il voulait bien faire mais aux yeux d'Anna ça n'avait pas été suffisant.

"Je rêverai de partir et d'aller squatter chez Skye mais... AAAH !" Cette fois-ci Annabel ne cris pas, elle fait un bon sur le côté et resserre ses bras autour de Soledad, comme pour la protéger d'une entité invisible voulant lui faire du mal. Elle la lâche immédiatement, Soledad n'est pas Alex, elle n'a pas besoin d'elle. À vrai dire elle n'est même pas sûre qu'Alex ait besoin d'elle. Anna se laisse entraîner par son amie non sans penser qu'elle aussi elle aimerait s'en aller. Ce n'est pas comparable avec la vie chez les Peterson mais parfois Anna étouffe dans cette maison. "Tu sais.. Tu peux toujours passer à la maison si ta soeur n'est pas dispo. C'est .. grand et c'est rare qu'il y est du monde " Depuis la mort de sa mère la maison lui parait trop grande pour eux. Son père se quitte rarement son bureau et ses frères vivent leurs vies alors si Soledad veut passer de temps à autre pour déconnecter de sa famille elle le comprend amplement.

Face aux paroles de son amie Annabel ne peut qu'hocher la tête. Égoïstement elle est heureuse de ne pas avoir de frères et soeurs beaucoup plus jeunes car elle est consciente que sa vie s'en trouverait encore plus affectée qu'elle ne l'est actuellement. Annabel est incapable de ne donner qu'à moitié et si c'est une qualité c'est aussi son plus grand défaut. "Tu as eu vraiment raison de partir à l'autre bout du monde, cet été. Il faut que tu continues à prendre soin de toi, ok ?" Ça la touche plus qu'elle ne veut bien l'admettre aussi se force t-elle à sourire et donne un léger coup de coude à son amie. "Dixit celle qdont le métier consiste à prendre soin de tout le monde " Elle est consciente que Soledad ne lui dit pas ça pour rien mais c'est aussi ce qui lui permet de lui répondre ainsi, elle est parfaitement placée pour savoir que sous ses airs de dure à cuire Soledad est aussi épuisée qu'elle. "J'essaye mais promets moi que tu en feras de même ?" elle n'a pas le temps d'entendre sa réponse que le noir s'abat sur elle. " Sol ?" elle tend les bras et avance à petit à petit, essayant de retrouver son amie. Alors qu'elle commence à se laisser gagner par la panique elle finit par toucher le bras de la Peterson et s'y agrippe comme si sa vie en dépendait. "[b] Par pitié ne me laisse pas seule dans cet enfer" Petite elle avait peur de noir et si cette peur semblait être partie d'elle même, Anne n'arrive pas à se rassurer dans cet espace inconnu et sombre. C'est alors que la lumière se rallume et la Lake s'autorise à soupirer d'aise. "Qui a eut cette idée déjà ?"

La scène est digne des meilleurs films d'horreur, c'est certain. Cette voix qui les appelle, toutes les deux, qui est saccadée et interrompue par des rires d'enfant à glacer le sang, qui se tait pour revenir accompagné de brusques coups dans les murs... C'est le scénario idéal pour une soirée pop-corn entre amis, mais en cet instant, c'est étrangement réel. Et terrifiant. « Tu connais quelqu'un du comité d'organisation? » « Mais non... » chuchote-t-elle en craignant de réveiller quoi que ce soit qui les traquait, tandis qu'elles continuent d'avancer tant bien que mal. Soledad refuse de baisser les bras, de toute façon. Tout ça n'est qu'une mascarade évidemment, même si c'est... Horriblement bien fait. Ça ne l'empêche pas de laisser échapper un cri strident, et de se serrer elle aussi contre Annabel qui la prend dans ses bras comme pour la protéger. C'est étrange : il n'y a plus grand monde qui agit comme ça avec elle en ce moment, puisque c'est elle la protectrice par excellence. Elle n'a pas le temps de l'analyser, mais elle se sent protégée plus que jamais, l'espace de quelques secondes. « Tu sais.. Tu peux toujours passer à la maison si ta soeur n'est pas dispo. C'est .. grand et c'est rare qu'il y est du monde » Reprenant ses esprits, Sole fait oui de la tête, toujours aux aguets. « Je n'hésiterai pas. Et toi, pareil... Enfin, chez moi c'est pas le mieux, mais pour se changer les idées, je serai toujours là ! » C'est de ça dont elles ont besoin, au final. L'infirmière se surprend quelque secondes à laisser vagabonder son esprit loin, comme Annabel l'a fait l'été passé.

« Dixit celle dont le métier consiste à prendre soin de tout le monde » Touché. « J'essaye mais promets moi que tu en feras de même ? » Vaste question... Mais tout devient complètement noir tout d'un coup, et étrangement silencieux, que la réponse meurt dans la gorge de Soledad avant qu'elle ait le temps de la prononcer. « Anna !! » chuchote-t-elle en même temps qu'elle entend « Sol ? ». Mains en avant, elle avance à tâtons, s'apprêtant à sursauter quand elle va retrouver Annabel, ce qui ne manque pas. « Par pitié ne me laisse pas seule dans cet enfer » Sol serre fort son amie elle aussi. Cette fois, la peur d'Annabel a l'effet inverse, l'oblige à ne pas se laisser aller. Elle inspire un bon coup ; puis la lumière revient. Bon. Déjà : une bonne chose. « Qui a eut cette idée déjà ? » Soledad éclate de rire à cette question et jette à la Lake un regard coupable. « Dans quelques heures, on en rira beaucoup, tu verras ! » Au final, se faire peur à au moins le mérite d'une chose : elle pense un peu moins à tout le reste.

Et alors qu'elle s'apprête à dire quelque chose, un coup de tonnerre retentit, comme si la foudre s'abattait sur leurs têtes. « OH MON DIEU » hurle-t-elle de frayeur, si fort qu'elle en rivalise presque avec le tonnerre. « Hmm, pardon » se reprend-elle quand le son baisse un peu, parce qu'elle a dû hurler dans les oreilles d'Annabel. « Écoute, tu sais ce qu'on va faire ? » En fait, elle est au bord de partir en fou rire, toutes les émotions mélangées font un cocktail bien étrange. « Suis-moi » dit-elle en attrapant fermement la main de son amie dans la sienne. « On s'arrête sous aucun prétexte, ok ? » Et la voilà qui se lance en courant dans le dédale des couloirs, poussant tentures poussiéreuses s'il le faut, évitant les squelettes mis là pour les faire hurler et faisant la sourde oreille aux effets sonores, se protégeant les yeux quand il faut. Tout ça en tirant fermement Annabel derrière elle ; tout ça aussi en rigolant à moitié, tant que son souffle lui permet. La montée d'adrénaline lui donne des ailes, et elle n'a qu'un but en tête : la sortie.