Je suis soulagée de voir du monde s'approcher de moi, même si ce soulagement n'est que de courte durée. Sans, je serais clairement condamnée à me faire descendre par ces fous furieux à un moment ou à un autre. Avec... disons que si les chances de survie restent minimes, elles sont tout de même existantes, et c'est à ça que je me raccroche. A ça, et aux bras de l'homme venu à mon secours.

« Je peux la porter, faisons ça ! Ne vous en faîtes pas, je vais vous aider. »

J'ai pas pu retenir mes larmes, je suis paniquée, mais l'entendre m'assurer son soutien me redonne un tout petit peu d'espoir. Je hoche simplement la tête, m'accroche à lui comme à la dernière bouée de sauvetage, avec l'énergie du désespoir.

« Allons-y, dépêchons-nous ! »

J'avoue, je ne demande rien d'autre que de mettre le plus de distance possible entre ces tarés et nous. Et quand nous sommes rejoints par les deux autres hommes aperçus un peu plus tôt, je n'attends plus qu'une chose, qu'on aille se mettre à l'abri quelque part, n'importe où. Je suis pourtant surprise du discours de celui qui traîne l'autre blessé.

« Je vous le confie. Il vous expliquera mon plan. Maintenant Madame la Vendeuse s'il y a une sortie de secours ou que sais-je, guidez-les s'il vous plaît. Filez maintenant. »

Euh... Oui bien sûr qu'on va filer - n'est-ce pas ? Je jette un regard implorant à la vendeuse - mais lui, il va faire quoi ?

— Mais vous êtes fou…

Visiblement, je ne suis pas la seule à croire à la folie de ce type.

— L’autre malade risque de revenir à n’importe quel moment ! Vous voulez mourir, vous aussi ? La seule solution c’est de partir, venez maintenant.
Laissez... Je n'ai rien compris.

Et moi, je n'attends que ça, de partir. C'est malheureux pour l'autre, mais que peut-on faire pour le retenir ? Moi, clairement, rien, alors je m'accroche plus encore à mon sauveur quand on se met en route, délaissant le suicidaire un peu à contrecoeur, et je retiens mon souffle quand la porte grince devant nous.

— Passez devant, dépêchez-vous.

Une nouvelle déflagration derrière nous me fait sursauter et je m'accroche désespérément à celui qui me porte, sentant les larmes affluer de nouveau. Je n'ai pas besoin de me retourner pour imaginer ce qu'il vient de se passer et après l'autre blessé, nous entrons dans la pièce déverrouillée par la vendeuse, en espérant qu'il s'agisse bien là de notre planche de salut.

La porte se referme à clefs ? On est à l'abri ?

Je l'espère, je l'espère tellement ! Et je compte les secondes, jusqu'à ce que la porte se referme derrière nous, mettant le battant entre nous et les tireurs fous. Je ne veux même pas penser à tous ceux qui en ont déjà été les victimes, encore moins à ceux qui restent leurs proies à cet instant. Dès lors que nous sommes un peu au calme, je libère l'asiatique de mon poids, me traîne jusqu'à un coin sans pouvoir m'appuyer sur ma cheville blessée et me laisse tomber lourdement au sol, complètement dépassée par tout ça, pour prier Dieu que tout s'arrête bientôt, que ces malades soient enfin arrêtés et que l'hécatombe prenne enfin fin. Avant qu'on alourdisse le nombre des victimes, si possible...