*Assis sur le rebord de son canapé, le coude appuyé sur son genou et ses doigts agrippés dans ses cheveux pour soutenir sa tête, un léger sourire vient étirer ses lèvres en entendant son frère rire.* Tu vois, les miracles existent. J'ai le don de parler pour ne rien dire, de savoir meubler sans rien dire de pertinent sur moi. Ma vie ne regarde personne de toute façon. *Même s'il en a déjà parlé, malgré lui. La peine est parfois trop difficile à contenir pour la faire taire. Peine qui revient bien vite pour polluer son esprit.* Me protéger de quoi? *Lui non plus ne peut visiblement pas s'empêcher de couper son frère. il faut dire qu'il l'a un peu mauvaise contre le corps médical depuis l'année dernière. Les mots de Cali résonnent dans son esprit amenant doucement une potentielle réponse à une énigme insondable, et le gardant silencieux quelques longues secondes. L'évidence.* ... Peu importe. Personne n'a besoin de me protéger de toi. Ou des autres. Peut-être même que j'aurais pu servir. Peut-être que j'aurais pu aider, tu ne m'enlèveras jamais cette idée de la tête. *Luka est persuadé que leur lien et leur gémellité peut jouer un rôle dans le bien-être de son frère. Il y croit dur comme fer.* Ose me dire que tu te sens mieux et épanoui quand je ne suis pas là. Ose me dire que tu vas bien sans moi. Si c'est le cas, je veux ton secret parce que moi je n'y arrive pas.

*Aider? Servir? Cali n'arrive pas à accepter cette possibilité. Parce qu'elle implique trop d'incertitudes et d'inconnues dans l'équation - parce qu'elle promet trop de dangers qu'il refuse de lui faire prendre.* Risquer la vie de tous ces idiots en blouse blanche n'était déjà pas génial. La tienne, c'est impensable. *Ses doigts caressent sa barbe et il se tait un moment à la remarque suivante.* Ce serait mentir et même si je suis roi dans ce domaine, je ne te ferai pas cet affront. *Un triste sourire étire ses lèvres.* Bien sûr que j'aurais voulu que tu sois là. C'est pas ça, la question. La question c'est... qu'est-ce que les autres veulent? *Et par autres, comprendre alters. Là, il parle du système Orphée dans sa globalité.* Le traitement, je n'ai commencé à le prendre que dans les trois derniers mois. Avant ça... *Il grimace, soupire. Se résigne.* Je n'ai jamais été moi, Luka. Pas une minute. De mon entrée à l'hôpital jusqu'à fin mars, je ne garde que quelques images floues. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils ont fait et dit. On m'a arraché cette partie de moi... de ma vie. Encore une fois. *Et tout ce qu'il savait n'était que d'après les dires de ceux qui l'avaient entouré pendant presque un an et d'Elise, en particulier.* C'était risqué. Y a eu... des blessés. Des tensions. Chaque jour était différent et ils ne savaient jamais à quoi... à qui, ils devaient s'attendre. *Interlude. Le silence retombe dans la voiture, plus pesant qu'il ne l'a jamais été.* T'aurais voulu aider, je le sais. Mais moi, si on m'avait annoncé en me réveillant que les autres avaient touché à un seul de tes cheveux, je l'aurais jamais supporté. *Paradoxe qu'est celui d'avoir autant d'entités dans un seul corps. S'il veut le protéger, il n'y a que l'éloignement comme solution, il en est toujours persuadé.*

*Un soupir s'échappe de ses lèvres puisque force est de constater qu'ils n'ont pas la même opinion sur la question. Silencieux, il écoute son frère sans jamais l'interrompre, prenant note mentalement de chacune de ses paroles. Même s'ils sont différents sur bien des points, Luka a conscience d'une chose ; aucun des jumeaux n'est réellement prêt à couper le cordon. Que Cali l'avoue ouvertement ou non ne change rien à ses certitudes. * Tu sais, j'ai fait pas mal de recherches sur le sujet. J'ai même déjà appelé ta psy, Elise, pour avoir le plus de renseignements possibles. Contrairement à ce que tu penses peut-être, je suis bien informé. C'est un peu mon métier d'enquêter et de récolter des informations, d'autant plus sur un sujet aussi important. *Puisqu'il concerne son frère jumeau, de ce fait, le moindre détail à son importance.* Je sais comment ça fonctionne, ils ont tous un but commun, un objectif qui les relie ; te protéger. On a tous le même, moi y compris. Prendre soin de toi, faire en sorte qu'il ne t'arrive jamais rien, ça a toujours été mon but, depuis tout petit. Alors que tu sois d'accord avec mon point de vue ou non, ça ne changera rien au fait que je suis persuadé qu'ils ne me feront jamais rien, tous autant qu'ils sont. Tous, sans exception. *Il insiste expressément sur chaque mot qu'il prononce pour lui faire comprendre qu'il inclue également Ekaitz dans l'équation.* Parce que s'il m'arrive quoi que ce soit, comme tu viens de le dire, ça te touchera et ça leur portera préjudice à tous. Ils le savent.