Encore un autre jour… J’avais pris la fuite dans le soir, claquant la porte de chez moi, alors que mon père criait après moi… Mon corps me faisait mal, encore, je voulais retourner voir la gentille femme du refuge, je ne voulais pas rentrer à la maison… Mais comme d’habitude, je me connaissais, je savais que où que mes pas me mènent, ils me ramèneraient toujours à lui. Parce que c’était comme ça qu’étaient les choses, c’était ma seule famille, ma seule maison, et je n’avais rien d’autre… Je fermai les yeux avançant sur le chemin, pour l’heure j’avais trouvé refuge dans le grand parc au nord de là où nous habitions, les mains dans les poches, j’avançais sans prêter vraiment attention à ce qu’il y avait autour de moi, les yeux rivés sur le sol. Quelque chose devant moi attira mon attention et je m’arrêtais soudainement devant une grande flaque rouge, alimentée par un filet de sang qui semblait provenir des fourrés.

Merde. Je m’immobilisais, je n’avais pas peur du sang, non, j’en avais vu, beaucoup, le mien essentiellement, mais j’avais peur par contre de ce qu’il y aurait derrière ces buissons, terré, caché dans l’ombre dessinée par la nuit et l’obscurité. Mon souffle s’était bloqué dans ma gorge et mon cœur courrait rapidement dans ma poitrine, mon regard voyageait entre les buissons et la flaque rougeâtre et sombre… Est-ce que… Quelqu’un s’était-il blessé ? Ou était-ce peut-être une agression ? Un vol au couteau qui aurait mal tourné… Ou bien pire… Je déglutis, je voulais reculer, fuir, courir, mais j’étais bloqué et je ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais pas courir, peut-être quelqu’un était là blessé entrain de se vider de son sang dans les fourrés il fallait que j’aille voir, je ne pouvais pas m’enfuir, aussi terrifié que j’étais. Un cri, perça soudainement derrière moi, me faisant sursauter et bondir, faisant volte face je reculais et marchais sans m’en rendre compte dans la flaque de sang.

Une agitation soudaine sembla provenir des buissons et je me retournai dans leur direction au moment où une silhouette en surgit. Elle courut droit vers moi et me bouscula, je dérapai et glissai dans le sang. Tombant au sol, je regardai affolé autour de moi, la forme était déjà loin, l’autre personne, celle qui avait crié plus tôt, était tombée aussi et s’était adossée contre un arbre. Je jetai des regards entre elle et les buissons, je devrais probablement vérifier si elle allait bien mais je… il y avait… tout ce sang venait bien de quelque part… Il fallait aller voir, peut-être quelqu’un avait besoin d’aide. Je tournai mon regard vers la femme.

« Est-ce que ça va ? » Demandai-je en me redressant, j’étais incertain sur mes jambes, tout mon corps tremblait.