once you pop, the fun don't stop

« forget your worries and just carry on »
@Solveig Becker

Ce soir, le coeur de Tess était loin d'être à la fête. Pourtant toutes les données étaient là : une ambiance légère et festive, l'Oktoberfest de La Nouvelle-Orléans était une institution et elle y avait même de délicieux souvenirs lorsqu'elle était adolescente, toujours prête à braver les ordres qu'on lui donnait, les couvre-feu qu'on lui imposait. Il y avait de quoi boire, manger, se promener, profiter de la proximité du fleuve et de la nuit encore douce à cette période. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi, se répétait-elle devant le miroir qui lui renvoyait un reflet qu'elle n'arrivait pas à voir comme le sien. La femme qui la regardait était souriante, maquillée légèrement, s'appliquait du rouge à lèvres et arrangeait ses cheveux. Elle avait choisi une robe un peu habillée, parce qu'elle aimait ça, vestige des habits qu'elle achetait à New York, mais pas trop quand même car elle voulait être à la cool.

Au fond, elle savait la réponse : ce soir n'aurait pas dû se passer ainsi. Son mari lui avait promis, cette fois c'est promis je te le jure, qu'il serait là au dîner organisé par sa famille, par la mère de Tess, avec ses frères et soeurs et leurs enfants, Tess lui avait demandé pour une fois s'il te plaît dis-moi que tu pourras, il avait vérifié son agenda et même noté la date. Tout était bon. Ce n'était pas grand chose mais au moins ça aidait Tess à maintenir le mensonge toujours un peu plus loin. Et si elle avait beau savoir qu'il y avait peu de chance qu'il tienne sa promesse, elle s'y était raccrochée avec un espoir stupide qui l'avait blessée encore plus quand elle s'était retrouvée seule en se réveillant ce matin. Car, oui, son mari avait du partir deux jours auparavant pour une énième conférence, et non, il ne serait pas rentré à temps pour ce soir.

Au pied levé, elle avait envoyé un message à Solveig. Elle savait que la jeune femme était du genre à accepter les invitations de dernière minute, parce qu'elle ne disait jamais non à quelques verres et à une soirée. Et Tess ne voulait que ça : boire et boire trop et pourquoi pas danser ou n'importe qui qui la tiendrait loin de chez elle et de sa chambre et de son lit désespérément vides.

Elle s'était préparée machinalement et s'était retrouvée prête bien avant l'heure alors elle avait pris un livre pour essayer de lire mais les mots dansaient devant ses yeux, elle avait fait le tour du salon pour voir ce qu'elle pouvait ranger mais tout était impeccable, elle était sortie dans le jardin pour arroser les plantes en pot mais il avait plu deux nuits auparavant, alors finalement elle avait soupiré et attendu dans son canapé en passant ses mails en revue parce que son travail était la seule chose qui l'intéressait réellement dans ces moments-là. Elle avait même fini par se servir un verre de whisky, juste un, et c'est bien plus détendue que l'heure venue elle était montée dans son taxi qui l'emmena vers City Park. Et qu'elle se dirigea dans la foule, parcourant les différents stands et foodtruck et petites échoppes jusqu'à ce que son téléphone lui indique l'emplacement exact où retrouver Solveig. L'apercevant déjà installée, elle accéléra en souriant, elle avait hâte de la retrouver et hâte de boire. À peine assise elle fit un geste au serveur pour demander son habituel whisky sour. « Qu'est-ce que tu as choisi pour ce soir ? » fit-elle en lançant un regard à son verre. « Je suis trop contente que tu sois libre ce soir, j'avais vraiment envie de faire la fête ! » Me changer les idées aurait été plus juste. « Ta semaine ? Ça a été ? » Une proximité s'était installée entre elles, à l'aide de verres et de danses endiablées, sans pour autant que Tess se soit véritablement livrée mais elle appréciait la fluidité des choses avec Solveig, et le fait qu'elle ne soit pas la dernière pour s'amusait jouait énormément.

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« forget your worries and just carry on »
@Tess Navarro

Elle aurait pu refuser. C'était la première chose que Solveig s'était dit en lisant le texto envoyé par Tess. Elle était alors confortablement installée sur son canapé, la tête de Tufus sur ses genoux, un verre de vin rouge à la main et le télé-achat en fond sonore seulement la Becker avait une règle quand Tess entrait dans l'équation : elle ne disait jamais non. Ces derniers temps, elle devait bien l'avouer, seuls ses sorties plus ou moins régulières avec la Navarro l'avait empêchée de retourner à ses journées passées à se lamenter sur son canapé. Alors, sans plus d'hésitation la brune avait répondu en précisant une heure de rendez-vous et s'était mise à se préparer. Connaissant maintenant plutôt bien le genre de soirées qui l'attendaient quand elle était en compagnie de Tess, Solveig opta pour une tenue confortable mais chic. Le genre qu'elle aurait pu porter à l'époque des soirées des sororitées de Yale, un haut en mèche noire et une jupe en simili cuir le tout assorti à un trench gris anthracite. Elle défit ensuite le messy bun trônant au sommet de son crâne et passa ses doigts dans ses cheveux pour les démêler. Heureusement pour elle, le look légèrement échevelé lui allait bien. Elle se maquilla ensuite rapidement et porta son choix sur un rouge à lèvre rouge bordeaux qu'elle n'avait que peu utilisé.

Une fois prête elle se dirigea vers la cuisine pour vérifier que Tufus avait tout ce qu'il lui fallait et administra au pitbull une caresse sur le sommet de son crâne. " À tout à l'heure.." Heureusement pour elle, Tufus était un chien facile à vivre et elle savait qu'elle pouvait le laisser sans soucis. Sans plus attendre la brune enfila ses chaussures et se mit en route vers le lieu de rendez-vous.
La Nouvelle Orléans avait bien des travers mais Solveig devait bien avouer que la ville savait divertir. Toute occasion était bonne pour un évènement et l'Oktoberfest n'était pas une exception. Arrivée sur place elle laissa trainer son regard sur les stands avant de trouver une baraque décorée de lumières led qui avait installée une sorte de terrasse éphémère et qui diffusait une musique entraînante. Sans plus attendre la brune s'installa et, consciente de son avance, commanda immédiatement une bière que le serveur lui apporta sans attendre. Bien installée, Solveig laissa son regard se promener sur la foule, une part d'elle se demandant si elle le verrait ce soir et une part espérant qu'elle ne le reverrait jamais. "Qu'est-ce que tu as choisi pour ce soir ? " La question la sorti de sa demi rêverie et Solveig se mit à sourire.
" Une simple bière en t'attendant!" Joignant le geste à la parole, Solveig avala plusieurs gorgées avant d'hocher la tête, appréciative quand la jeune femme commanda un whisky sour et lui rendit son sourire. " Je suis trop contente que tu sois libre ce soir, j'avais vraiment envie de faire la fête ! ". La brune leva son verre en direction de Tess avant de répondre. " Merci pour l'invitation! Je ne faisais rien alors autant venir boire un verre avec toi. " Un verre ou deux ou même cinq. Solveig rentrait rarement sobre de ces soirées avec Tess. "Ta semaine ? Ça a été ?" Entre deux gorgées la Becker adressa un sourire à Tess. " Plutôt bonne, j'ai vendu une sculpture à un exposant du Texas et j'ai fait ma première nuit sans somnifères alors je dirais que c'est un succès. Et toi quoi de neuf? " Une certaine familiarité existait maintenant entre elles et même si Solveig ne lui avait pas révélée la racine de son mal, restant volontairement vagues dans les détails, elle en avait suffisamment révélé pour que Tess puisse comprendre la signification d'une telle information pour Solveig. " Hum, j'ai repéré un bar qui a l'air d'avoir pas mal d'ambiance si jamais tu veux continuer la soirée là bas après? "

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« forget your worries and just carry on »
@Solveig Becker

Tout de suite le coeur un peu plus léger d'avoir retrouvé Solveig, qui lui épargnait des soirées de solitude à se morfondre ce qui était considérablement important, Tess se sentit légèrement moins morose quand on lui tendit ensuite son verre. Cette fois, la soirée pouvait véritablement commencer. Et pour quelques heures, ses problèmes familiaux et l'absence de son mari allaient passer au second plan. C'était aussi cela qui lui faisait du bien dans leurs soirées : Solveig ignorant les détails, Tess ne se sentait pas jugée. Elle n'avait pas l'impression d'être la pauvre épouse ridicule qui attendait dans le vide à contempler l'échec de son existence.

« Une simple bière en t'attendant ! » Elle eut un signe de tête positif, Solveig avait bien fait de commencer en l'attendant. Elles trinquèrent ensuite. « Merci pour l'invitation! Je ne faisais rien alors autant venir boire un verre avec toi. » Un verre et un seul était peu probable et Tess lui lança un regard amusé, car elles en étaient parfaitement conscientes. « Heureusement pour moi que toutes tes soirées ne sont pas prises ! » Elle avait tout de même l'impression que Solveig avait plus d'amis qu'elle, elle avait déjà mentionné quelques prénoms, et quelques dîners ou soirées, ce qui était bien plus que Tess n'avait.

« Plutôt bonne, j'ai vendu une sculpture à un exposant du Texas » « Génial ça !! À un bon prix ? Et tu penses que ça va t'apporter de la visibilité ? » Tess était toujours passionnée par le travail de la Becker, le business qu'elle arrivait à monter et sa fibre artistique, et cela lui rappelait une foule de gens intéressants qu'elle côtoyait à New York et qui piquaient toujours sa curiosité, surtout lorsqu'il s'agissait de femmes qui montaient elles-même leur affaire, de A à Z. « J'ai fait ma première nuit sans somnifères alors je dirais que c'est un succès. Et toi quoi de neuf ? » Levant son verre à cette nouvelle, Tess but ensuite une gorgée de son whisky. Elle savait que la vie amoureuse de Solveig avait traversé de sacrées turbulences puisque son copain l'avait quittée du jour au lendemain et que cette histoire avait l'air sacrément sérieuse, mais rien de plus n'avait vraiment été mentionné. En réalité, Tess sentait, sans en avoir les preuves, que Solveig gardait des choses secrètes sur toute cette histoire tout comme Tess elle-même le faisait sur sa vie. Et son petit doigt lui disait qu'elles en étaient conscientes toutes les deux. Mais pour le moment, ni l'une ni l'autre n'avait franchi le pas de se confier un peu plus, et c'était bien aussi. Tess, parfois, avait peur de s'effondrer en ouvrant la porte trop grand sur tout ce qu'elle s'évertuait à garder dans le noir. « Bravo. Et tu as réussi à dormir ? » Une nuit sans somnifères c'était bien, mais était-ce une nuit réussie ? Elle en prenait de temps à autres, quand elle sentait qu'elle allait contempler trop longtemps le plafond. Mais son remède le plus sûr était de boire des verres, qui arrangeaient généralement son état. « Quoi de neuf, eh bien... » Elle se sentit désolée au fond d'elle car il n'y avait rien de neuf, mis à part le fait que son mari l'avait déçue et peinée une nouvelle fois. « On a un nouveau stagiaire au bureau. Il a passé une semaine avec moi et je crois pouvoir affirmer sans me tromper que la vocation de légiste n'est pas du tout pour lui. J'ai cru qu'il allait se trouver mal à chaque seconde, et pourtant je lui ai vraiment épargné le pire... Et en fait, la porte de la morgue à un faux-contact, elle se bloque parfois. Il y a une petite subtilité à savoir pour réussir à l'ouvrir. Et il s'est retrouvé enfermé dedans, tout seul... J'étais de l'autre côté et j'ai dû le guider à travers la vitre, j'ai bien cru devoir défoncer la porte au bout d'un moment... Mais tout va bien, il s'en est sorti, et je pense qu'il ne reviendra jamais ! » conclut-elle avec un léger rire. Heureusement que son travail était là : jamais elle n'aurait tenu sans ça. Chaque matin, elle se sentait divinement mieux dès qu'elle mettait un pied au NCIS.

« Hum, j'ai repéré un bar qui a l'air d'avoir pas mal d'ambiance si jamais tu veux continuer la soirée là bas après? » « Toi, tu sais comment me parler ! » Et dans cette optique, elle commanda un deuxième verre. Comme il y avait plutôt du monde et que le service n'était pas très rapide, elle préférait profiter du passage du serveur non loin d'elles. « J'espère juste que la population ne sera pas aussi jeune que la dernière fois parce que j'avais vraiment l'impression qu'on était deux mamies qui s'étaient trompées d'endroit pour leur soirée tricot » gloussa-t-elle, faisant référence à leur soirée précédente. Elles finissaient toujours dans des endroits improbables ou à rencontrer des gens plutôt atypiques, mais c'étaient toujours d'excellents souvenirs. Le serveur prit leur commande et Tess interrogea Solveig du regard. « Loin de moi l'idée de te pousser à la consommation mais tu sais maintenant combien je déteste manquer » fit-elle avec un regard coupable, mais complice tout de même.