not fast enough

« if everything seems under control,
you're just not going fast enough »
@Francesca Mikaelson

Maddie klaxonnait à toute balle, pestant et grognant au volant. Évidemment que ça n'avançait pas, évidemment que le trafic était perturbé, évidemment qu'il y avait eu un accident sur la voie rapide : il fallait toujours que les emmerdes se multiplient quand on était en retard, quand la journée s'amorçait mal. Cette boîte d'intérim de livraisons, pour laquelle elle travaillait, avait le mérite d'être non seulement ultra exigeante envers ses employées (ils allaient jusqu'à facturer les minutes de retard) mais aussi très très brouillon dans son organisation. Ce matin, elle avait reçu au dernier moment les informations pour sa livraison. C'était un magasin qu'elle avait déjà livré plusieurs fois, un petit truc de fringues ou de couture, elle retenait à moitié les choses. Mais le problème était que l'entrepôt se trouvait loin de la ville, que les routes étaient bouchées, et que, comble du comble, elle était de toute façon partie elle-même en retard.

Cela ne lui arrivait jamais. Maddie avait beau être désordonnée, souvent à l'arrache, à s'éparpiller dans tous les sens, d'une étrange manière elle finissait toujours ses tâches en temps et en heure, plutôt très bien, et surtout elle ne ratait jamais un rendez-vous. Elle avait appris à être ponctuelle, car c'était ainsi qu'on gardait un travail. Et elle en avait cumulé — et cumulait encore — suffisamment pour savoir ce qui était important de respecter. Sauf que ce matin, sa fille, Zelda, était malade. Elle avait passé une nuit à la veiller — la petite fille avait eu une forte fièvre — et ce matin, elle allait encore si mal qu'elle avait hésité à l'emmener à l'hôpital. Mais finalement, attendant jusqu'au dernier moment, elle avait trouvé que son état s'améliorait un peu. Alors elle l'avait laissée chez sa voisine, lui demandant de l'appeler au moindre problème.

Voilà pourquoi elle se retrouvait dans cette voiture de livraison à klaxonner comme une damnée pour que les gens avancent et qu'elle arrive à destination, ses cartons de tissu dans le coffre.

Enfin, elle se trouva devant la boutique en question, se gara. En serrant le frein à main, elle maudit la vie et la terre entière, puis fila descendre la douzaine de cartons. En empilant trois, elle poussa la porte de la boutique et entra. « Zut » marmonna-t-elle, voyant son reflet dans un miroir : elle avait oublié de mettre la casquette, o-bli-ga-toire, de la marque de la société. En plus du veston ridicule qu'elle portait déjà. « Bonjour. Livraison. Je reviens, il reste une dizaine de cartons. » Elle repartit en arrière, rapporta encore des cartons, casquette sur la tête cette fois. « Désolée pour le retard. » Elle sortit de nouveau, attrapa les derniers cartons. Dans sa tête elle avait calculé : 15 minutes de retard, ce qu'elle avait, c'était quasiment 50% de sa paye en moins sur ce trajet. Connards. Et si elle demandait à la dame de la boutique d'accepter de changer l'heure sur le bon de livraison, qu'elle devait signer ? C'était quitte ou double... Car elle pouvait la signaler aussi. Cette fois elle entra silencieusement dans la boutique, empilant les cartons à l'endroit indiqué.